Pour notre santé et celle de la planète, il faut végétaliser l’alimentation, tout en gardant suffisamment de protéines. Dans la plupart des pays économiquement développés, cela passe par une réduction des protéines animales au profit des protéines végétales. C’est ce qu’on appelle le «protein shift».
Changements climatiques, perte de biodiversité, impact de l’élevage dans l’émission de gaz à effet de serre et d’une alimentation trop carnée sur la santé… Il y a, depuis quelques années, une prise de conscience sur le caractère interdépendant de toutes ces composantes. Et de fait, santé humaine, des animaux et de l’environnement ne font qu’un, comme représenté dans le concept « Santé Unique » ou « One Health ». Les systèmes alimentaires doivent évoluer pour être plus résilients, tout en répondant aux besoins nutritionnels de la population. Un fer de lance de cette grande transition alimentaire concerne la transition protéique. C’est un élément qui ressort clairement de l’assiette planétaire du EAT Lancet (1), avec une part nettement plus faible de viande au profit, notamment, des légumineuses. Au niveau européen, cette transition protéique s’inscrit aussi dans la stratégie « De la ferme à la table » (ou « Farm to Fork »), au cœur du Green Deal européen, qui vise à rendre les systèmes alimentaires équitables, sains et respectueux de l’environnement (2).
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Le flexitarisme plébiscité par 30 % des Européens
La demande en alternatives aux protéines animales est en pleins essor. Une vaste étude (3) conduite après de plus de 7500 personnes issues de 10 pays européens (Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, et Royaume-Uni) a sondé les attitudes relatives à l’alimentation végétale. Il en ressort que si 7 % des répondants déclarent adopter une alimentation entièrement végétale, 30 % des interrogés rapportent adopter une alimentation flexitarienne. Près de 40 % des consommateurs européens entendent consommer moins de produits de viande dans un futur proche, tandis que près d’une personne sur deux (46 %) avait déjà réduit sa consommation de viande. Près d’une personne sur trois (30 %) déclare avoir l’intention de réduire sa consommation de produits laitiers. La part des flexitariens qui ont fortement réduit leur consommation de viande est encore plus haut, pour atteindre les 73 %.
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Inverser le rapport protéines animales/protéines végétales
La transition protéique ne concerne pas tous les pays de la même manière. Ce sont surtout les pays ou contrées où le rapport entre les protéines animales et les protéines végétales est élevé qui sont concernés. Alors qu’au niveau mondial ce rapport est de 40 /60, il est de 59/41 en Amérique du Sud, 60/40 en Europe et en Océanie, 64/36 en France, 68/32 en Amérique du Nord. Pour de nombreux pays où ce rapport est élevé, l’objectif consisterait à l’inverser, pour se rapprocher du rapport global au niveau mondial. Ce sont surtout les protéines de viande et de produits de viandes, dont l’impact sur l’environnement et la santé sont les plus importants, qui gagnent à être diminuées.
Les protéines végétales se retrouvent essentiellement dans les légumineuses, les céréales, les fruits à coque et les graines. L’association de plusieurs sources de protéines végétales dans son alimentation permet plus facilement de satisfaire les besoins en protéines qu’avec l’une ou l’autre source séparée.
Data source: Food and Agriculture Organization of the United Nations (2023)
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(1) The EAT-Lancet Commission on Food, Planet, Health
(2) European Commission. Farm to Fork strategy.
(3) Smart protein. What consumers want: a survey on European consumer attitudes towards plant-based foods, 2021. www.smartproteinproject.eu