Le gaspillage alimentaire est au cœur de l’actualité. On parle souvent de comment lutter contre ce phénomène, mais plus rarement des facteurs l’ayant conduit à prendre une telle ampleur.
Le gaspillage alimentaire est fonction de forces multifactorielles: culturelle, personnelle, politique, géographique, économique,… Elles influencent le comportement alimentaire de manière spécifique et peuvent varier d’une personne à une autre, d’une époque à une autre ou encore d’une société à une autre.
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Un système alimentaire en mutation
La modernisation du système alimentaire a contribué à l’augmentation du gaspillage alimentaire. Cette transformation a rendu la nourriture plus abondante, disponible, accessible, abordable… et dense en calories. Avec pour conséquences, une surconsommation ainsi qu’une modification du type et de la quantité d’aliments gaspillés.
L’industrialisation, l’urbanisation ou encore la globalisation ont installé une distance entre le consommateur et sa nourriture. Alors que la production et la préparation étaient autrefois étroitement liées aux foyers, elles s’opèrent désormais bien souvent dans des usines. Le consommateur accorde ainsi moins de valeur à ce qui compose son repas que s’il l’avait lui-même préparé ou assisté à sa préparation. La croissance démographique en zone urbaine a considérablement diminué les interactions entre le consommateur et le monde agricole. De ce fait, la composition des aliments et la manière dont ils sont produits lui sont bien souvent étrangers. Suite à la transformation du système alimentaire vers une échelle mondiale, le consommateur consomme davantage d’aliments produits partout dans le monde, creusant toujours plus l’écart entre lui et ce qu’il mange.
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Mais l’impact de ces phénomènes ne s’arrête pas là. La consommation croissante de produits transformés a modifié le type de déchets générés. Les gousses de petits pois ou encore les carcasses de poulets sont désormais des déchets industriels tandis que les emballages sont des déchets très présents dans les foyers. Les habitudes alimentaires se sont transformées pour donner une place plus importante aux viandes, volailles et poissons. Or, la conservation de ces produits est plus exigeante et de courte durée. Ils sont donc plus susceptibles d’atterrir dans la poubelle que d’autres types d’aliments.
Le gaspillage et ses déterminants culturels
La quantité de nourriture gaspillée par une société dépend également des habitudes culturelles. La relation qui existe entre la population et la nourriture influence la valeur qu’elle lui porte. Aux États-Unis ou en Australie par exemple, les traditions alimentaires sont moins présentes et les connexions entre la production et la préparation d’une part et la consommation de l’autre sont ténues. Lorsque la population entretient un lien principalement fonctionnel avec son alimentation, le gaspillage y est plus présent.
En France, la culture alimentaire est depuis longtemps ancrée dans les mœurs. La dimension de plaisir occupe une place centrale. Les pays dans lesquels de fortes valeurs entourent l’alimentation ont tendance à être plus résistants aux changements occasionnés par la modernisation du système alimentaire, ou du moins changeraient moins rapidement.
La révolution des Millenials
Les enquêtes sur les attitudes et les comportements ont mis en évidence des corrélations entre le gaspillage alimentaire et certaines caractéristiques socio-démographiques. Les personnes plus âgées auraient tendance à moins gaspiller, probablement à cause de l’austérité et du rationnement qu’elles ont connus durant la Deuxième Guerre mondiale.
Parallèlement à cela, on assiste aujourd’hui à une prise de conscience des jeunes générations par rapport à la problématique du gaspillage alimentaire, donnant naissance à des mouvements tels que le «zéro déchet». Les Millenials s’orientent de plus en plus vers des modes de consommation locaux, en accord avec les saisons et respectueux de l’environnement. Cette tendance pourrait donc bien s’inverser!
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Autres observations: les ménages avec des enfants gaspillent plus que les ménages sans enfant et les personnes vivant seules sont celles qui génèrent le plus de déchets.
Pour finir, la nourriture est gaspillée au niveau de toutes les classes sociales, mais le gaspillage augmente en fonction du revenu des ménages. À l’inverse, des études ont montré que plus le régime alimentaire est répétitif, et donc lié à des revenus moindres, plus le gaspillage est limité. Les restes peuvent ainsi être accommodés plus facilement dans de nouvelles préparations.