Une étude récente de l’INRA sur l’intérêt de jardins communautaires dans des quartiers défavorisés en France, souligne des résultats inattendus. L’impact bénéfique d’un potager sur l’alimentation, même auprès de milieux modestes, permettrait de repenser nos pratiques alimentaires.
Des facteurs socioculturels, des contraintes économiques ou des difficultés d’accès aux aliments sains et de qualité sont révélateurs d’inégalités sociales en matière d’alimentation. Les préoccupations nutritionnelles ne sont pas une priorité dans les milieux modestes. Et les fruits et légumes manquent dans l’alimentation des populations les plus défavorisées.
L’intérêt d’un potager communautaire
Partant de ce postulat, une équipe de chercheurs de l’INRA a analysé l’intérêt d’un jardin associatif dans un quartier d’habitations sociales du 11ème arrondissement de Marseille. 21 femmes se sont vues attribuer une parcelle de potager communautaire. Il s’agissait de vérifier, via des enquêtes multidisciplinaires, si ces «jardinières» approvisionneraient davantage en fruits et légumes leurs familles, que d’autres femmes sans accès au jardin. Et cela, tant en termes de végétaux issus de la production du potager, que de vivres achetés à l’extérieur.
Onze d’entre elles ont ramené à domicile leur récolte de fruits et légumes, équivalant en moyenne à 53 g par jour et par personne. Cela représente une petite portion, mais les participantes ont évoqué d’autres avantages qui relèvent peu d’importance aux quantités: la diversité, le goût et l’atout santé des produits récoltés. Elles ont également rapporté des valeurs sociales, culturelles et symboliques: leur fierté de produire des aliments, d’en faire des repas et de les partager autour d’une table.
Davantage de fruits et légumes chez les «jardinières»
Les chercheurs ont noté une différence significative entre les vivres des ménages qui jardinent et de ceux qui n’ont pas la main verte: les premiers affichent 369 g de fruits et légumes par personne par jour, contre 211 g journaliers seulement pour les deuxièmes! Cette différence est due à de plus grands achats de fruits et légumes dans les ménages des «jardinières», et n’est pas liée à la question de quantités produites.
Malgré la nature cross-sectionnelle de cette étude et les petites quantités récoltées, les résultats suggèrent qu’avoir accès à un potager communautaire pourrait encourager les femmes socio-économiquement défavorisées d’adopter des pratiques alimentaires plus saines, qui rencontrent davantage les recommandations nutritionnelles.
Source :
https://ageconsearch.umn.edu/record/271457?ln=en
Darmon N, Martin P, Scheromm P, Ghestem F, Marchand P, Consalès JN. Des jardins partagés dans les quartiers d’habitat social : un moyen de repenser les pratiques alimentaires ? Montpellier (FRA) : UMR Moisa, 2018, 21 p. (Working Paper Moisa n° 2/2018).
Adaptation en français de l’article : Martin P, Consalès JN, Scheromm P, Marchand P, Ghestem F, Darmon N. Community gardening in poor neighborhoods in France: a way to re-think food practices? Appetite, 2017; 116, 589-598.