Canada: héritage et transformation alimentaire

Quels facteurs imposent des changements de comportement alimentaire et incitent à repenser les repères de consommation au Canada? Deux orateurs canadiens ont analysé ces questions lors des dernières Rencontres de la Fondation Louis Bonduelle. Décryptage.

Pour la 10^ème année consécutive, la Fondation Louis Bonduelle organise ses Rencontres annuelles. Cette édition s’est concentré sur la place de la culture dans l’alimentation, ainsi que des mutations et des perspectives qui y sont liées (#rencontresFLB).

Zoom sur les conférences des deux orateurs québécois: Christine Jourdan, anthropologue à l’Université de Concordia (Montréal), et Jean-Claude Moubarac, professeur au département de nutrition de l’Université de Montréal.

L’héritage alimentaire identitaire du Québec

Cuisiner et manger au Québec est étroitement lié aux changements sociaux, économiques et culturels qui ont marqué l’histoire de la région. Les traditions culinaires familiales du Québec s’avèrent un véritable héritage.

Selon Christine Jourdan, les mélanges d’épices reflètent les vagues migratoires et les transformations au sein des familles. Basilic, romarin et ail sont par exemple davantage utilisés après l’arrivée des Italiens et Grecs sur le territoire québécois, aux alentours des années 1950-1960. L’alimentation s’avère également de plus en plus mise en scène, signe d’une gastronomie identitaire dans la région, notamment grâce au succès des balades gourmandes.

Consultez la présentation de Christine Jourdan

Ultra-transformation alimentaire: une question de culture

Les aliments ultra-transformés peuvent avoir un impact négatif sur la qualité de l’alimentation, la santé, la culture et l’environnement. Ces produits alimentaires pratiques et prêts à être consommés tendent à remplacer les préparations culinaires faites à la main.

C’est ce qu’a constaté Jean-Claude Moubarac, en étudiant 4 pays présentant des cultures alimentaires très différentes, tant en termes de perception que de comportement alimentaire. Il a classifié ces pays selon le degré de transformation des aliments consommés par la population:

En France et en Italie: le repas est un moment convivial de partage, basé sur des aliments frais et peu transformés.
Au Canada et aux Etats-Unis: le repas se mange sur le pouce et souvent seul, basé sur des produits ultra-transformés.

La valeur accordée aux aliments semble en cause au Canada. Le Professeur Moubarac plaide donc pour une revalorisation de la cuisine et de l’alimentation en général. Selon lui, les guides alimentaires s’avèrent un bon moyen de faire évoluer les comportements alimentaires. Tous en cuisine!